14.1.25

Conférence Maurice Genevoix -Jean Guéhenno 66 ans d’amitié fraternelle au gré de la plume

 

Vendredi 7 février 2025, à 20 h 15, au Centre Culturel des Urbanistes

Salle Ernest Feuvrier

 

Assemblée Générale : Bilan moral et financier, règlement de la cotisation 2025, renouvellement partiel du Bureau. Membres sortants mais rééligibles : Yves Le Pannetier de Roissay, Sébastien Jourdain, Thierry Masson et Bernard Berhault. Les autres candidatures sont à déposer à l’adresse ci-dessous avant le 30 janvier.

 

A l’issue de cette assemblée générale, notre collègue Patrick BACHELIER nous présentera sa conférence sur :

 

Maurice Genevoix -Jean Guéhenno

66 ans d’amitié fraternelle au gré de la plume

 

Cette communication est destinée à expliquer la naissance de l’amitié fraternelle entre ces deux hommes, mais aussi à dévoiler le parcours de leur vie privée et professionnelle. Les deux amis ont traversé les terribles épreuves du 20ème siècle, quelquefois acteurs, témoins, jamais indifférents aux malheurs des autres. Les deux normaliens ne se sont « guère perdus de vue », à la lecture de leurs lettres, ils sont encore là, la lettre de Guéhenno du 15 juin 1973, écrite avec une immense émotion nous le dit : « Tenons bon ! Ne nous quittons pas ! »

Maurice Genevoix et Jean Guéhenno


D’après « Correspondance Genevoix-Guéhenno », Éditions La Part Commune, octobre 2024, édition établie, annotée et préfacée par Patrick Bachelier.

La soirée est ouverte au public et s’adresse à toutes les personnes intéressées, adhérentes ou non.


 Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays de Fougères

              Chez M. Nicolas Garel, 11, rue Chateaubriand, 35300 FOUGERES

27.11.24

Un contre révolutionnaire fougerais : LE TANNEUR DES VILLETTES

 


 

Un gentilhomme fougerais Julien Augustin Le Tanneur, Sieur des Villettes dont le nom est à peu près tombé dans l'oubli, a joué
un rôle important dans notre contrée au cours de la Révolution.Né à Fougères le 4 mars 1756, il y trouva la mort le 22 mai 1793
à la suite de la sentence du Tribunal Criminel.
Son activité lors du soulèvement contre-révolutionnaire du 19 mars 1793 a été évoquée par nos historiens locaux : Le Bouteiller, Emile Pautrel, Lemas. Monsieur de Pontbriand en fait mention au chapitre premier de son ouvrage sur le Général du Boisguy et la venue récente en notre région de l'un de ses distingués arrières­ neveux résidant à Paris Monsieur Charles Le Tanne ur, en vue, selon sa propre expression, d'un pèlerinage aux sources de sa f a­ mille, a permis de recueillir de sa bouche des détails ignorés sur ce personnage, compatriote, ancien compagnon d'armes, et enfin lieu­ tenant de cet autre illustre fougerais, le Marquis de la Rouërie.
Julien Augustin Le Tanneur était le troisième fils de Christophe, seigneur de Malhére et de Françoise Charlotte Le Pannetier. La terre de Malhére est située sur le territoire de la commune de Lai­gnelet à un kilomètre du clocher à quelques pas du chemin vicinal qui conduit à Landéan. Cette seigneurie relevait de la Motte Anger en Le Loroux et c'est en 1693 qu'elle passa. dans la famille Le Tan­neur à la suite d'une acquisition. On peut encore voir de nos jours l'ancien logis à la toiture en pente de l'époque Louis XIII surmon­tant un vaste porche et, non loin de là, un moulin en ruines porte un blason sur le linteau de sa grande porte. Outre cette terre sei­gneuriale, les Le Tanneur possédaient un hôtel particulier dans l'impasse de la rue de L'Aumaillerie (aujourd'hui rue Chateau­briand). C'est la maison à tourelle visible de la place d'Armes, résidence actuelle de M. Désiré Lechat. C'est en ces murs que na­quit notre personnage le 4 mars 1756, il devait par la suite prendre le titre de "des Villettes". Il appartenait en effet à une famille de cinq enfants : son frère aîné François Joseph né le 25 janvier 1754, sieur de le Provostière devait épouser Perrine Reite, dame des Orières de deux ans plus âgée que lui. Entraîné lui aussi dans la conspiration de la Rouërie, il prit part à différents combats autour de Fougères et notamment au combat sanglant de l'Angevinière qu'une croix commémorative élevée en 1938 par les soins de M. Etienne Aubrée rappelle à dix kilomètres de Fougères sur la route d'Ernée. Victime d'une grave blessure à la cuisse, il dût pour cette raison abandonner le rôle actif de combattant et se chargea de recruter pour les armées royalistes. C'est à ce titre qu'il fut arrête à Fougères le 31 janvier 1796, jugé le 3 mars et fusillé le lendemain.
La famille Le Tanneur se composait également de Françoise Julienne, née en 1751, de Christophe Michel moine franciscain, né le 20 septembre 1752, et décédé le 13 décembre 1821, et enfin d'un plus jeune fils René Marie, sieur des Pomerets, né le 12 septembre 1757 et décédé le 27 juillet 1830 qui crevait tenter plus tard de sous­traire à la confiscation les biens de son frère condamné à mort.
Mais revenons à Julien Augustin. On ne sait rien de son enfance , adulte il était parvenu à la belle taille de 5 pieds sept pouces soit 1 mètre 81, ce qui lui valut d'être admis à Versailles en qualité de garde du corps de Louis XVI. Comme beaucoup de jeunes nobles de son époque, il devait prendre part à la guerre d'Indépendance des Etats-Unis entre 1775 et 1783 sous les ordres de son compatriote Armand Tuffin Marquis de la Rouërie, de cinq ans son aîné, et qui au côté de La Fayette devait s'y distinguer sous le nom de « colonel Armand ». Comme La Rouërie l'avait fait, pour orner sa propriété de Saint-Ouen, Le Tanneur rapporta pour sa terre du « Châtel " en Landéan un jeune tulipier de Virginie devenu depuis un arbre imposant toujours visible et étonnamment vivace qui chaque année à Pâques se pare d'une foule de pétales immaculés ourlés d' un mauve céleste et qui, de loin, comme disait Chateaubriand fait penser à un gros bouquet de fiancée de village.
Monsieur Le Tanneur demeurait pourtant célibataire ; délaissant sa charge près du souverain on ne sait pour quelle raison et revenu de la guerre il se fixa au Châtel, terre de trois journaux, nous prec1se M. Pautrel. Il y résidait déjà en 1785 puisque le livre de paroisse nous révèle qu'à cette époque il était maire de Landean et qu'en cette qualité il mit son signe au décès de son voisin de campagne Alexandre Du Bellay, descendant du poète angevin qui expira à La Touche à l'âge de 87 ans.
C'est sur cette terre du Châtel, le millésime de 1787 en fait foi qu'il construit une gentilhommière à l'âge de 31 ans. Hélas, Julie Augustin ne devait pas en jouir longtemps ! terre de plaisance pourtant où à l'ombre de l'immense forêt toute proche, il faisait bon vivre, partageant ses occupations entre l'administration de la commune et les plaisirs de la chasse, solitaire il est vrai, puisqu'une seule domestique qui lui était dévouée corps et âme assurait son service jusqu'au moment où en haine de son maitre elle fut traquée et condamnée par contumace ; terre historique enfin et riche de grands souvenirs puisque ce fut au Châtel sur l'emplacement du château de la Forêterie, rendez-vous de chasse des barons de Fougères que l'un d'eux Henri 1er, fonda l'abbaye de Rillé.
Mais il nous faut arracher Monsieur Le Tanneur aux délices de son existence campagnarde ; l'horizon pour lui s'est assombri comme pour tant d'autres ; les idées révolutionnaires ont fait leur chemin et il est devenu suspect aux autorités du district. Il a dû céder son titre de maire à son voisin et ami Thomas La Touche qui devait lui-même plus tard être mis à mort en haine de sa foi. Thomas suspect à son tour dût bientôt se démettre de ses fonctions au profit de son voisin Julien Bossard. Mais si l'écharpe changeait de titulaire les convictions demeuraient inébranlables. Qu'ils fussent nobles, simples campagnards ou petits bourgeois, les maires successifs de Landéan resteront fidèles à l'Eglise et au roi jusque dans leur supplice.

C'est dans cet hotel particulier avec une petite tour, visible depuis la place Aristide Briand, qu'est né Julien LE TANNEUR DES VILLETTES en 1756


Arrivons donc à la date mémorable du 19 mars 1793 qui devait consommer la perte de Le Tanneur. C'était l'époque secrètement fixée par La Rouërie pour le soulèvement général dans l'Ouest. Mais La Rouërie n'est plus. Par la loi du 29 février, la patrie étant déclarée en danger, la Convention a décrété une levée en masse de trois cent mille recrues pour l'étendue du territoire. Pour sa part l'Ille-et-Vilaine est taxée au chiffre de 3.120. C'est ainsi que Fleurigné doit vingt hommes, Parigné vingt-sept, Landéan trente, entre 18 et 30 ans célibataires ou veufs. Fougères, chef-lieu du dis­trict, plus favorisée s'en tire avec le chiffre de quarante-trois. Or dans tout l'Ouest et particulièrement dans notre région fougeraise l'état d'esprit des campagnes se prêtait mal à cette levée en masse. Porter les armes pour la République équivaut à une trahison pour tous ces mobilisables, blessés qu'ils sont dans leurs convictions profondes par la persécution religieuse qui ferme leurs églises et traque leurs prêtres ! Déjà décidés à la désertion, ils se laissent facilement convaincre de partir au combat. Ils n'ont pourtant que des bâtons ou de vieux fusils à pierre ces sept mille hommes et jeunes gens accourus de 21 communes et parfois de dix lieues à la ronde et qui dès le matin remplissent la bourgade de Landéan !
L'atmosphère est lourde de menaces comme elle l'était la veille à Laignelet et à Fleurigné où les opérations du recrutement en rai­son de l'effervescence ont dû prestement être suspendues. Cependant l'un des administrateurs du district Foubert dit « Grand Mou­ lin "• propriétaire des moulins à papier de Pont Dom Guérin et de Malagra, en La Bâzouge-du-Désert, aidé du juge de paix Guérin, originaire du Loroux a fait dresser l'estrade tricolore de la commis­sion de recrutement contre l'auberge de madame veuve Guérin, en bordure du grand chemin de Caen. On cherche Monsieur le Maire pour les aider dans la besogne et au besoin pour leur prêter main­ forte. Monsieur le Maire se tient calfeutré en sa maison de la Tou­che par souci de ne point se compromettre. Il ne parviendra sur les lieux qu'un peu plus tard. Mais Julien Augustin Le Tanneur est là et tout donne à penser qu'il s'affaire au milieu de cette foule qui partage ses ardentes convictions. L'opération du recrutement ne tourna point à la faveur de la République. L'estrade est prise d'as­saut, les insignes piétinés, l'administrateur et le juge insultés et battus et ils eussent été implacablement mis en pièces si Le Tan­neur et Monsieur le Maire Bossard, enfin sorti de sa réserve, ne les avaient prudemment entraînés et mis en sûreté sous clef pendant deux heures dans la sacristie. C'est de là qu'ils s'enfuirent secrète­ ment en rasant les buissons pour regagner leur résidence.
Cette foule en révolte, qui s'est donné un général et des lieute­nants va maintenant décider audacieusement de marcher sur Fou­gères.
L'expédition militaire improvisée entraîne des femmes avec elle : La veuve Guérin aubergiste, la Quinton, veuve Martin et sa fille ; et naturellement la fidèle domestique de Le Tanneur.Tout ce monde va se concentrer à l'orée de la forêt, au lieudit Recouvrance, où se voit toujours la croix, en face la maison fores­tière. Mais tout à coup une chaise de poste surgit de la direction de Louvigné, occupée par deux personnages importants de la Conven­tion : Billaud-Varenne et Sevestre, en tournée d'inspection. Ils viennent de Mortain et vont à Rennes. Arrêtés par la foule surexcitée ils sont dégagés par Le Tanneur et Bossard auxquels ils suggèrent habilement d'engager des négo­ciations avec Fougères. La colonne se met donc en marche et s'ar­rête à la Verrerie, d'où sept délégués dont Le Tanneur et Bonnard sont envoyés au Directoire du district. Habilement rassérénés par le maire de Fougères, Lesueur, les délégués reviennent vers la foule hurlante qui s'est avancée jusqu'à Belair, sur l'emplacement de notre actuel Hôtel-Dieu, mais la foule ne veut rien entendre et repart en avant.
Les Gardes nationaux sortent de Fougères ; une brève échauf­fourée, quelques coups de fusil et de canon et les insurgés se dé­ bandent. Il y a des morts et des blessés. Le soir venu, un lugubre cortège retourne vers Landéan. Le Tanneur et quelques compa­gnons fidèles portent sur leurs épaules les corps ensanglantés.
C'est ce qui est entré dans l'histoire sous le nom de « Rassemble­ment ou révolte de la Saint-Joseph ». Le châtiment ne tarda pas. Il fut exemplaire. Conformément au décret de la Convention du 19 mars, le Directoire du District nomma une commission militaire qui condamna à mort cinq habitants de Parcé. Le maire Bossard, la Quinton veuve Martin et sa fille furent remis au Tribunal Crimi­nel d'Ille-et-Vilaine. Apprenant qu'on le recherchait, Julien Augus­tin Le Tanneur se présenta loyalement devant ses juges. Son inter­rogatoire n'a pas été conservé : on sait seulement qu'il revendiqua pour sa défense le mérite d'avoir dégagé la voiture des convention­nels. Bossard et les femmes Martin furent emprisonnés au château d'où ils parvinrent à s'échapper quelques jours plus tard. Mais Le Tanneur convaincu d'avoir participé à un attroupement séditieux dans la " commune scélérate " fut condamné à mort avec exécution dans les 24 heures et confiscation de ses biens. En outre la contu­mace fut prononcée contre la domestique de Le Tanneur qui demeu­rait cachée.
Le jugement fut exécuté le lendemain 22 mai 1793 sur la petite douve ou place d'Armes. C'est donc à quelques pas de sa maison natale que Le Tanneur subit son sort tragique. Il gravit courageu­sement les marches de " l'aimable guillotine"» comme disaient ces messieurs du Tribunal, prenant la suite de Jean Brault fils, de Parcé, et de Joseph Painblanc, officier municipal de Laignelet. Lorsque vint son tour le couperet usé par les exécutions précédentes ne parvint pas à lui trancher la tête et le bourreau dut achever sa besogne au couteau. On jugea bon de donner une leçon aux gens de Landéan en décrétant que la tête de Le Tanneur serait immédia­tement transportée dans cette commune et fichée sur le clocher, ce­pendant que son corps était jeté dans la fosse des indigents. C'est ainsi que les choses s'accomplirent. La gentilhommière de Le Tanneur connut le pillage et la ruine avant d'être mise à l'encan Le plus jeune frère de la victime René, sieur des Pommerets essaya mais en vain d'acquérir ces dépouilles et la maison connut différents occupants. Quand au tulipier de Virginie, il se mit à croître vaille que vaille comme un enfant sans père mais en dépit de muti­lations regrettables il a pu grâce à sa vigueur nous être transmis en beauté.
La mort de Le Tanneur, loin de pacifier la contrée ne fit qu'exci­ter les rancunes et les règlements de compte. Landéan subit une répression rigoureuse. Son église fut profanée et transformée en corps de garde, ses habitants connurent le régime d'occupation, les emprisonnements, les amendes et comme s'il s'agissait de rayer la commune de la carte, ses registres furent transportés à Parigné et à La Bâzouge.
En l'an 1794 deux nouvelles têtes de suppliciés vinrent rejoindre sur le clocher celle de Le Tanneur : La tête de Thomas La Touche, ancien maire lui aussi et qui mourut après une admirable profes­sion de foi catholique, celle de Julien Bossard le maire de la Saint Joseph qui échappé du château de Fougères devait être repris un an après dans la cachette de la Cornulais. Lorsque ces temps af­freux prirent fin un officier républicain passant à Landéan aperçut sur l'édifice les misérables trophées et cette vue émut son cœur d'honnête homme, il donna l'ordre qu'on les détachât et les enveloppant dans des linges blancs il en fit remise aux famil1es Thomas et Bossard qui les reçurent avec l'émotion que l'on devine. Mais per­sonne de son nom n'étant là pour recevoir le dépôt funèbre de Julien Augustin, on l'enfouit au cimetière proche de l'église, lui procurant enfin le suprême repos.
A cette étude, il convient d'ajouter d'intéressantes précisions sur le clocher tragique. N'est-ce point toujours le même qui domine la bourgade de sa silhouette sans grâce et que vous connaissez tous ? Dussent être mises en défaut la légende et aussi les asser­tions d'historiens locaux, ce n'est point le contemporain de la Révo­lution ! En effet si l'on ouvre le livre de paroisse avec la bienveillante autorisation de Monsieur Charles Place, curé de Landéan, on note que le 29 avril 1715 la cloche Emmanuelle Anne Marie nommée par Vénérable et discret Messire Guillaume Hameau, prieur recteur de Landéan, comme on disait à l'époque, a été placée dans le campa­nier situé du côté de l'évangile. Il faut dire que l'église à cette époque se composait d'une nef unique et le campanier en question devait être édifié sur le versant nord de la charpente.En 1719 une deuxième cloche vient rejoindre l'autre, bénite par Vincent Hameau, chanoine régulier de Saint-Augustin et prieur de Landéan, en présence du recteur du Loroux et de l'abbé Malle, chapelain de la Communauté fougeraise des Urbanistes.
Enfin en 1758 le campanier s'enrichit d'une troisième cloche « La Grosse » qui reçoit les onctions d'un personnage de marque et voisin par surcroît « Messire Frain de la Villegontier », docteur en Sorbonne, originaire de Parigné.
Continuons à feuilleter les documents dans la suite des âges. Le livre de paroisse est désormais rédigé par Messire Olivier Verdier, décédé curé de Landéan en 1909 après un ministère paroissial de trente ans. C'est un esprit subtil et caustique. Monsieur Verdier commente l'œuvre de l'un de ses prédécesseurs Monsieur Joseph Durocher, chef spirituel de la paroisse sous la Restauration. Ce prêtre a reçu la tâche de réparer les immenses dommages causés à la chrétienté locale par la Révolution au spirituel comme au tem­porel et il s'y emploie avec fermeté. C'est ainsi qu'il s'attaque aux Louisets nombreux, comme on l'imagine, à Landéan, et il s'efforce non sans peine de les ramener à l'obédience de Rome. Il restaure l'église, construit les deux chapelles des bas-côtés, garnit le chœur de lambris, achète des vases sacrés. Tout cela est fort bien, mais aux yeux de l'abbé Olivier Verdier, il commet un crime impardon­nable car il jette en bas le campanier arrosé du sang des martyrs pour le remplacer (on lit textuellement) par ce ...... « on ne sait quoi " cet affreux clocher, ce pigeonnier et ce vandalisme se situe en l'an 1826.
Et pourtant moins d'un an après, Monsieur Durocher reçoit une distinction : l'ordonnance du roi Charles X datée du 25 février pour la récompenser de ses souffrances et du sang versé élève la paroisse à la dignité de cure et Monsieur Durocher en sera le pre­mier bénéficiaire. L'actuel clocher de Landéan datant de 1826 n'est donc point le campanier de Le Tanneur.
Gens épris des souvenirs du passé, ne cherchez plus sous sa lanterne d'ardoise, l'ombre désolée de Julien Augustin. Allez plutôt l'évoquer tout près de cette maison qu'il édifia pour y couler d'heureux jours et qui le vit partir pour le supplice, ou encore sous la ramure vigoureuse de cet arbre rare, apporté jadis dans ses ba­gages et qui, chaque année, par sa prestigieuse floraison, oppose à la folie des hommes l'admirable leçon de sa beauté et de sa paisible harmonie.

Docteur POIRIER
Bulletin et mémoires de la société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères Tome II (1958)

21.11.24

« Les édiles fougerais de la Restauration en 1815 à la Révolution de 1848 »

  

 

Vendredi 13 décembre 2024, à 20 h 15, au Centre Culturel des Urbanistes

Salle Ernest-Feuvrier

 

 M. Jean BOUËSSEL DU BOURG nous fera bénéficier de la suite de son importante étude sur les édiles fougerais. Après les édiles de Fougères sous la Révolution et l’Empire, il nous présentera une communication sur ceux des deux régimes suivants, la Restauration (1815-1830), puis la Monarchie de Juilllet (1830-1848).

 « Les édiles fougerais de la Restauration en 1815 à la Révolution de 1848 »

L’organisation municipale ne change guère au départ. Le régime de la Restauration souhaite conserver la mainmise sur les conseils municipaux des villes importantes. Ces édiles sont tous issus des familles les plus aisées et le système est encore renforcé avec la loi de 1818 qui introduit « les plus imposés » dans la direction des municipalités.

Ce système va perdurer jusqu’en 1831, date à laquelle les municipalités sont à nouveau élues. Pour autant, le système électoral aboutit encore à l’élection exclusive de notables.

De 1815 à 1848, en 33 ans, ce sont 139 édiles qui vont se dévouer pour la commune de Fougères et six maires.

Joseph Couyer de la Chesnardière

Maire de Fougères de 1848 à 1855


La conférence aura pour but de vous présenter l’organisation municipale à cette époque et de donner quelques indications sur les édiles de Fougères de cette période.

La conférence est ouverte au public et s’adresse à toutes les personnes intéressées, adhérentes ou non. Vous pouvez donc y amener vos amis.


17.10.24

SENTENCE DE POLICE PORTANT INTERDICTION DE TRAVAILLER LES DIMANCHES ET JOURS DE FËTES

 

Le 2 janvier 1687, le sénéchal du siège royal de Fougères, sans doute à la demande du clergé de la ville qui trouvait que les Fougerais ne respectaient pas suffisamment le Jour du Seigneur en travaillant le dimanche, prit une ordonnance afin d’en établir l’interdiction. Il apparait qu’il prit cette décision après avoir fait mener enquête par le substitut du procureur du roi à Fougères.

Dans ce document conservé aux Archives municipales (GG 223-1), nous lisons :

 « De l’ordonnance de Monsieur le Sénéchal du siège royal de Fougères, rendue sur les conclusions du substitut du Procureur du Roy audit lieu, défenses ont été faites à tous chirurgiens et barbiers de faire à aucune personne le poil ou la barbe pendant les jours de dimanche et de fêtes, soit dans leur boutique ou maison particulière sous peine de 10 livres d’amende et de confiscation des bassines et rasoirs qui auront servi,

« A tous marchands de travailler en public ou en particulier, à ferrer des chevaux aux jours du dimanche et de fêtes pour autres que pour les étrangers passants et non manants de cette ville et faubourgs sous peine de 3 livres d’amende et confiscation des outils,

 « A tous marchands de draps, de mercerie ou autres choses, d’ouvrir leur boutique et faire aucun trafic aux dits jours de dimanches et de fêtes sous peine de 10 livres d’amende,

 « A tous bouchers débitants dans la halle et vendant tripes sous les porches d’étaler aux dits jours de dimanche et de fêtes depuis 9 heures du matin en hiver et depuis les 8 (heures) en été, sous peine de confiscation des dites viandes au profit de l’hôpital général et de 10 livres d’amende,

« A tous hostes (hôteliers) et cabaretiers de fournir dans leur maison et maison particulière des boissons aux habitants de cette ville et faubourgs pendant le service divin qui se célèbre les jours de dimanche et de fêtes aux églises paroissiales de Saint-Léonard , Saint-Sulpice et Rillé, ce qui s’entend depuis le dernier son de la grande messe, du sermon, des vêpres et des processions publiques, et même de souffrir les habitants dans les dites hôtelleries et cabarets pendant le dit temps sous prétexte qu’ils avaient promis de n’y point boire, le tout sous peine de 20 livres d’amende,

« A été enjoint à tous les habitants qui seront dans les hôtelleries et cabarets de s’y retirer au plus tard à 10 heures du soir en été et à 9 heures en hiver, et toujours sous peine de 10 livres d’amende contre les contrevenants,

 « Sur l’avis qui a été donné que des enfants de famille, gens de métier et autres sans avis, se cachent au lieu nommé l’Eperon et dans les ruines de quelques  maisons, sur les murailles et autres lieux cachés, où ils passent les jours de dimanche et de fêtes à jouer ; défenses leur ont été faites de faire tenir en pareilles assemblées et passe-temps à quelque jour que ce soit sous peine de prison,

 « A toutes personnes de tenir brelans de cartes, jeux de dites ou de boules pendant le service divin sous peine de 20 livres d’amende,

 « A tous enfants de vaquer dans les dites places publiques pendant le service divin et catéchisme, sous peine de 3 livres d’amende exécutoire contre leurs père et mère ; même de vaquer et de jouer à quelque heure que ce soit par les cimetières des églises de Saint-Léonard et Saint-Sulpice et sur les murs de cette ville ; jeter des pierres sur les bâtiments, contre les vitres et dans les fossés de la ville sous peine de 10 livres d’amende et de tous dépens, dommages et intérêts dont les père et mère seront responsables, sur le certificat des sieurs recteurs, de leurs curés ou des marguilliers, syndics et échevins de la ville,

 « A tous prévôts de frairies ou métiers, de vaquer le long des rues et faubourgs, sons et instruments pendant les nuits et même de tenir danses et festins aux jours de dimanche et fêtes pendant l’heure du service divin, le tout sous peine de 20 livres d’amende,

 « A tous paysans d’atteler leur harnois et charrois aux jours de dimanche et de fêtes, garder et de prendre en quelques temps que ce soit, pierre ou sable dans les grands chemins sous peine de 10 livres d’amende pour chaque contravention,

 A toutes personnes de laisser entrer aucun cochon, ânes ou chevaux dans les cimetières de Saint-Léonard et Saint-Sulpice sous peine de confiscation au profit de l’hôpital général, et pour cet effet ordonne que les cimetières seront clos aux frais des fabriques,

 « Ordonne que tous vagabonds, gens sans avis, mendiants, même les extra-provinciaux qui n’ont aucun commerce, métier ni profession pour subsister, eux et leur famille, sortiront de cette ville dans les 24 heures sous peine de prison. Défenses ont été faites à tous propriétaires de cette ville et faubourgs de leur donner retraite sous peine de répondre en leur propre et privé nom de tout œuvrement et de 50 livres d’amende, et pour cet effet, enjoint à toutes personnes qui voudront s’établir dans cette ville et faubourgs de donner leur nom et qualité pour en obtenir permission sans frais,

 « A été enjoint à tous habitants de donner avis à la justice des filles et femmes débauchées si (d’)aucunes s’y trouvent dans leur quartier et défense à toutes personnes de leur donner retraite sous peine de 50 livres d’amende,

 « Ordonne que les amendes et peines portées par la présente seront exécutées par provision et qu’elle sera bannie aux marchés de cette ville et publiée aux prônes des paroisses à ce que personne n’en ignore.

 « Arrêté à Fougères, ce second jour du mois de janvier mil six cent quatre vingt-sept – Signé J. Morin »

 

Une note jointe indique que le recteur de Saint-Léonard « fit notification et publication au prône de notre messe paroissiale (de) la sentence de police ci-devant, ce dimanche 13ème septembre 1689, en foi de quoi, j’ai signé les dits jour et an – Jéhannin ».

Marcel HODEBERT


 

 

18.9.24

Le cirque Barnum

 

 

Vendredi 4 octobre 2024, à 20 h 15, aux Ateliers

(salle des conférences)

 

Barnum and Bailey à Fougères…

… quand les cirques voyageaient par le train

Conférence présentée par M. Michel Reynaud



Phinéas Taylor BARNUM était l’Amérique ! Ce géant du nouveau monde incarnait aux yeux du globe le faste et la fête.

C’était un fabricant d’illusions et de rêves entré vivant dans la légende. Aussi, ce nom immortel résonna-t-il comme le tonnerre en ces jours de juin 1902, lorsque les Fougerais apprennent par la presse locale la venue prochaine du « plus imposant et plus intéressant établissement de récréations du monde », le fameux cirque Barnum and Bailey. La fièvre de Barnum s’est installée, nous pouvons bien employer ce mot, car tout le monde en parle. C’est une véritable obsession. Malgré le peu de trains spéciaux et l’absence de tarif réduit de la part de la Compagnie de l’Ouest, on annonce que de tous les environs, Fougères sera envahie par une foule immense.

Cette soirée est ouverte au public et s’adresse à toutes les personnes intéressées, adhérentes ou non. A signaler que la salle des conférences des Ateliers est accessible aux personnes à mobilité réduite.




 

 






 


28.8.24

Messe à la chapelle de MARIGNY

 

Madame, Monsieur,

 

Nous avons le plaisir de vous inviter à venir nombreux participer à la célébration de la messe annuelle en notre Chapelle Saint-Jacques de Marigny (en Saint-Germain-en-Coglès), qui aura lieu le :

 Dimanche 15 septembre 2024, à 10 h,

 

 L’office sera célébré par le Père Bernard Heudré, Président d’honneur de notre Société.

 A l’issue de la cérémonie, un apéritif sera servi au profit de la chapelle.

 

 




JOURNÉES DU PATRIMOINE

Cette année, elles auront lieu

les 21et 22 septembre

 Les chapelles Saint-Jacques de Marigny et de Saint-Clair de l’Hermitage seront ouvertes au public le dimanche 22 septembre, de 14 h à 18 h.


Il est rappelé également aux retardataires qu’ils doivent régler leur cotisation 2024 dans le meilleur délai auprès de notre trésorier à l’adresse ci-dessous.

 Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays de Fougères

Chez M. Nicolas Garel

11, rue Chateaubriand

35300 FOUGERES


19.8.24

LE FOU DU MARCHIX ET LA MOROSITÉ DE LA JUSTICE !

 

Nous sommes en 1786. A cette époque un tisserand, nommé Jean Deloge, originaire de Saint-Georges-de-Reintembault, habite depuis quelques années au « faubourg du Marchix », en la paroisse Saint-Sulpice. L'homme est quelque peu perturbé depuis quelques mois, ce qui inquiète le général de la paroisse, car Jean Deloge s'en prend aussi aux habitants du quartier.

 Le 5 novembre 1786, le général, sans succès semble-t-il, s'est déjà adressé au procureur fiscal de la juridiction de la Trinité dont dépend le quartier du Marchix, afin qu'il prenne les mesures nécessaires à l'encontre du pauvre Deloge, fasse cesser ses menaces et ramène le calme et la sécurité tant chez « ce malheureux » que chez les habitants. Devant « la morosité » du procureur, le général se doit de le mettre en demeure d'agir.

 Selon le procès-verbal qui fut dressé, nous apprenons que depuis un mois surtout, Jean Deloge est « dans un état de furie qui donne lieu au public et en particulier aux habitants de la paroisse Saint-Sulpice, les funestes effets de sa folie. Il bat et maltraite quantité de personnes, veut en tuer d'autres, jette son bonnet sur les autres et au passage de nos gens, veut mettre le feu chez lui où il a cassé et rompu une partie de ses meubles ». Le général de la paroisse ne peut tolérer, pour des raisons de sécurité publique évidentes, de tels agissements, car « selon les règlements, un homme aussi dangereux doit être renfermé ». Jean Deloge qui est relativement à l'aise, il convient aussi de protéger ses biens car l'on dit que « ses biens meubles et effets sont d'une valeur assez grande pour être mis à l'abri des vols ».


Vieilles maisons de la Place du Marchix


Aussi le général menace-il Joseph Vignon de la Perrière, procureur de la juridiction de la Trinité, « de pourvoir directement contre lui personnellement en cas de morosité » - un joli mot pour qualifier l'incurie et l'incapacité de l'homme de justice -. La notification officielle fut faite très solennellement puisque se rendirent chez le procureur, le sergent René Julien, le notaire Armand Caillère, Joseph Lemonnier, trésorier de Saint-Sulpice en exercice et un archer nommé Jean Saucet. Ce fut le greffier du procureur, Pierre Jumelais, qui reçut la délégation et dressa officiellement acte de la demande du général de la paroisse.

 Il semble que cette démarche fut cette fois suivie d'effet, car Jean Deloge qui au moment des faits, était âgé de 37 ans, fut placé à l'hôpital général Saint-Louis où il mourut célibataire, à l'âge de 60 ans, le 25 mars 1809. Il y exerçait toujours son métier de tisserand, ce qui n'a rien d'extraordinaire car, pendant très longtemps, l'hôpital Saint-Louis employa des tisserands pour la fabrication de la toile dont il tirait profit.

Marcel HODEBERT