17.10.24

SENTENCE DE POLICE PORTANT INTERDICTION DE TRAVAILLER LES DIMANCHES ET JOURS DE FËTES

 

Le 2 janvier 1687, le sénéchal du siège royal de Fougères, sans doute à la demande du clergé de la ville qui trouvait que les Fougerais ne respectaient pas suffisamment le Jour du Seigneur en travaillant le dimanche, prit une ordonnance afin d’en établir l’interdiction. Il apparait qu’il prit cette décision après avoir fait mener enquête par le substitut du procureur du roi à Fougères.

Dans ce document conservé aux Archives municipales (GG 223-1), nous lisons :

 « De l’ordonnance de Monsieur le Sénéchal du siège royal de Fougères, rendue sur les conclusions du substitut du Procureur du Roy audit lieu, défenses ont été faites à tous chirurgiens et barbiers de faire à aucune personne le poil ou la barbe pendant les jours de dimanche et de fêtes, soit dans leur boutique ou maison particulière sous peine de 10 livres d’amende et de confiscation des bassines et rasoirs qui auront servi,

« A tous marchands de travailler en public ou en particulier, à ferrer des chevaux aux jours du dimanche et de fêtes pour autres que pour les étrangers passants et non manants de cette ville et faubourgs sous peine de 3 livres d’amende et confiscation des outils,

 « A tous marchands de draps, de mercerie ou autres choses, d’ouvrir leur boutique et faire aucun trafic aux dits jours de dimanches et de fêtes sous peine de 10 livres d’amende,

 « A tous bouchers débitants dans la halle et vendant tripes sous les porches d’étaler aux dits jours de dimanche et de fêtes depuis 9 heures du matin en hiver et depuis les 8 (heures) en été, sous peine de confiscation des dites viandes au profit de l’hôpital général et de 10 livres d’amende,

« A tous hostes (hôteliers) et cabaretiers de fournir dans leur maison et maison particulière des boissons aux habitants de cette ville et faubourgs pendant le service divin qui se célèbre les jours de dimanche et de fêtes aux églises paroissiales de Saint-Léonard , Saint-Sulpice et Rillé, ce qui s’entend depuis le dernier son de la grande messe, du sermon, des vêpres et des processions publiques, et même de souffrir les habitants dans les dites hôtelleries et cabarets pendant le dit temps sous prétexte qu’ils avaient promis de n’y point boire, le tout sous peine de 20 livres d’amende,

« A été enjoint à tous les habitants qui seront dans les hôtelleries et cabarets de s’y retirer au plus tard à 10 heures du soir en été et à 9 heures en hiver, et toujours sous peine de 10 livres d’amende contre les contrevenants,

 « Sur l’avis qui a été donné que des enfants de famille, gens de métier et autres sans avis, se cachent au lieu nommé l’Eperon et dans les ruines de quelques  maisons, sur les murailles et autres lieux cachés, où ils passent les jours de dimanche et de fêtes à jouer ; défenses leur ont été faites de faire tenir en pareilles assemblées et passe-temps à quelque jour que ce soit sous peine de prison,

 « A toutes personnes de tenir brelans de cartes, jeux de dites ou de boules pendant le service divin sous peine de 20 livres d’amende,

 « A tous enfants de vaquer dans les dites places publiques pendant le service divin et catéchisme, sous peine de 3 livres d’amende exécutoire contre leurs père et mère ; même de vaquer et de jouer à quelque heure que ce soit par les cimetières des églises de Saint-Léonard et Saint-Sulpice et sur les murs de cette ville ; jeter des pierres sur les bâtiments, contre les vitres et dans les fossés de la ville sous peine de 10 livres d’amende et de tous dépens, dommages et intérêts dont les père et mère seront responsables, sur le certificat des sieurs recteurs, de leurs curés ou des marguilliers, syndics et échevins de la ville,

 « A tous prévôts de frairies ou métiers, de vaquer le long des rues et faubourgs, sons et instruments pendant les nuits et même de tenir danses et festins aux jours de dimanche et fêtes pendant l’heure du service divin, le tout sous peine de 20 livres d’amende,

 « A tous paysans d’atteler leur harnois et charrois aux jours de dimanche et de fêtes, garder et de prendre en quelques temps que ce soit, pierre ou sable dans les grands chemins sous peine de 10 livres d’amende pour chaque contravention,

 A toutes personnes de laisser entrer aucun cochon, ânes ou chevaux dans les cimetières de Saint-Léonard et Saint-Sulpice sous peine de confiscation au profit de l’hôpital général, et pour cet effet ordonne que les cimetières seront clos aux frais des fabriques,

 « Ordonne que tous vagabonds, gens sans avis, mendiants, même les extra-provinciaux qui n’ont aucun commerce, métier ni profession pour subsister, eux et leur famille, sortiront de cette ville dans les 24 heures sous peine de prison. Défenses ont été faites à tous propriétaires de cette ville et faubourgs de leur donner retraite sous peine de répondre en leur propre et privé nom de tout œuvrement et de 50 livres d’amende, et pour cet effet, enjoint à toutes personnes qui voudront s’établir dans cette ville et faubourgs de donner leur nom et qualité pour en obtenir permission sans frais,

 « A été enjoint à tous habitants de donner avis à la justice des filles et femmes débauchées si (d’)aucunes s’y trouvent dans leur quartier et défense à toutes personnes de leur donner retraite sous peine de 50 livres d’amende,

 « Ordonne que les amendes et peines portées par la présente seront exécutées par provision et qu’elle sera bannie aux marchés de cette ville et publiée aux prônes des paroisses à ce que personne n’en ignore.

 « Arrêté à Fougères, ce second jour du mois de janvier mil six cent quatre vingt-sept – Signé J. Morin »

 

Une note jointe indique que le recteur de Saint-Léonard « fit notification et publication au prône de notre messe paroissiale (de) la sentence de police ci-devant, ce dimanche 13ème septembre 1689, en foi de quoi, j’ai signé les dits jour et an – Jéhannin ».

Marcel HODEBERT


 

 

18.9.24

Le cirque Barnum

 

 

Vendredi 4 octobre 2024, à 20 h 15, aux Ateliers

(salle des conférences)

 

Barnum and Bailey à Fougères…

… quand les cirques voyageaient par le train

Conférence présentée par M. Michel Reynaud



Phinéas Taylor BARNUM était l’Amérique ! Ce géant du nouveau monde incarnait aux yeux du globe le faste et la fête.

C’était un fabricant d’illusions et de rêves entré vivant dans la légende. Aussi, ce nom immortel résonna-t-il comme le tonnerre en ces jours de juin 1902, lorsque les Fougerais apprennent par la presse locale la venue prochaine du « plus imposant et plus intéressant établissement de récréations du monde », le fameux cirque Barnum and Bailey. La fièvre de Barnum s’est installée, nous pouvons bien employer ce mot, car tout le monde en parle. C’est une véritable obsession. Malgré le peu de trains spéciaux et l’absence de tarif réduit de la part de la Compagnie de l’Ouest, on annonce que de tous les environs, Fougères sera envahie par une foule immense.

Cette soirée est ouverte au public et s’adresse à toutes les personnes intéressées, adhérentes ou non. A signaler que la salle des conférences des Ateliers est accessible aux personnes à mobilité réduite.




 

 






 


28.8.24

Messe à la chapelle de MARIGNY

 

Madame, Monsieur,

 

Nous avons le plaisir de vous inviter à venir nombreux participer à la célébration de la messe annuelle en notre Chapelle Saint-Jacques de Marigny (en Saint-Germain-en-Coglès), qui aura lieu le :

 Dimanche 15 septembre 2024, à 10 h,

 

 L’office sera célébré par le Père Bernard Heudré, Président d’honneur de notre Société.

 A l’issue de la cérémonie, un apéritif sera servi au profit de la chapelle.

 

 




JOURNÉES DU PATRIMOINE

Cette année, elles auront lieu

les 21et 22 septembre

 Les chapelles Saint-Jacques de Marigny et de Saint-Clair de l’Hermitage seront ouvertes au public le dimanche 22 septembre, de 14 h à 18 h.


Il est rappelé également aux retardataires qu’ils doivent régler leur cotisation 2024 dans le meilleur délai auprès de notre trésorier à l’adresse ci-dessous.

 Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays de Fougères

Chez M. Nicolas Garel

11, rue Chateaubriand

35300 FOUGERES


19.8.24

LE FOU DU MARCHIX ET LA MOROSITÉ DE LA JUSTICE !

 

Nous sommes en 1786. A cette époque un tisserand, nommé Jean Deloge, originaire de Saint-Georges-de-Reintembault, habite depuis quelques années au « faubourg du Marchix », en la paroisse Saint-Sulpice. L'homme est quelque peu perturbé depuis quelques mois, ce qui inquiète le général de la paroisse, car Jean Deloge s'en prend aussi aux habitants du quartier.

 Le 5 novembre 1786, le général, sans succès semble-t-il, s'est déjà adressé au procureur fiscal de la juridiction de la Trinité dont dépend le quartier du Marchix, afin qu'il prenne les mesures nécessaires à l'encontre du pauvre Deloge, fasse cesser ses menaces et ramène le calme et la sécurité tant chez « ce malheureux » que chez les habitants. Devant « la morosité » du procureur, le général se doit de le mettre en demeure d'agir.

 Selon le procès-verbal qui fut dressé, nous apprenons que depuis un mois surtout, Jean Deloge est « dans un état de furie qui donne lieu au public et en particulier aux habitants de la paroisse Saint-Sulpice, les funestes effets de sa folie. Il bat et maltraite quantité de personnes, veut en tuer d'autres, jette son bonnet sur les autres et au passage de nos gens, veut mettre le feu chez lui où il a cassé et rompu une partie de ses meubles ». Le général de la paroisse ne peut tolérer, pour des raisons de sécurité publique évidentes, de tels agissements, car « selon les règlements, un homme aussi dangereux doit être renfermé ». Jean Deloge qui est relativement à l'aise, il convient aussi de protéger ses biens car l'on dit que « ses biens meubles et effets sont d'une valeur assez grande pour être mis à l'abri des vols ».


Vieilles maisons de la Place du Marchix


Aussi le général menace-il Joseph Vignon de la Perrière, procureur de la juridiction de la Trinité, « de pourvoir directement contre lui personnellement en cas de morosité » - un joli mot pour qualifier l'incurie et l'incapacité de l'homme de justice -. La notification officielle fut faite très solennellement puisque se rendirent chez le procureur, le sergent René Julien, le notaire Armand Caillère, Joseph Lemonnier, trésorier de Saint-Sulpice en exercice et un archer nommé Jean Saucet. Ce fut le greffier du procureur, Pierre Jumelais, qui reçut la délégation et dressa officiellement acte de la demande du général de la paroisse.

 Il semble que cette démarche fut cette fois suivie d'effet, car Jean Deloge qui au moment des faits, était âgé de 37 ans, fut placé à l'hôpital général Saint-Louis où il mourut célibataire, à l'âge de 60 ans, le 25 mars 1809. Il y exerçait toujours son métier de tisserand, ce qui n'a rien d'extraordinaire car, pendant très longtemps, l'hôpital Saint-Louis employa des tisserands pour la fabrication de la toile dont il tirait profit.

Marcel HODEBERT



7.6.24

Décès de François Laurent et de Françoise Libert

 

Décès de François Laurent et de Françoise Libert,

assassinés par les Chouans le 4 messidor an II (22 juin 1794).

au village de la Poivrie en Landéan

 

Acte dressé à Landéan le 10 vendémiaire an 3 (1er octobre 1794).

 

 





On peut lire :

« Aujourd’hui dix vendémiaire, troisième année de la république une et indivisible, deux à trois heures de l’après-midi, par devant moy Julien Ollivier, un des officiers municipaux de la commune de Landéan, est comparu en la maison commune le citoyen Jean Degasne, laboureur, demeurant au village de la Poivrie en notre commune, âgé de quarante-cinq ans, lequel a déclaré que le quatre messidor dernier (c’est-à-dire de l’an II, soit le 22 juin 1794 – l’année républicaine commençant le 1er septembre) aux quatre à cinq heures du soir, le nommé François Laurent, laboureur, de la commune de Villamée, fils de Robert Laurent et de Olive Guiotel, ses père et mère, âgé d’environ trente ans ayant eu occasion de passer par la route qui conduit de Landéan à Villamée qui est à quelque distance de la maison dudit Degasne qui était accompagné de Françoise Libert ; ils furent rencontrés d’une troupe de brigands surnommés Chouans qui les saisirent et les menèrent tous deux en la demeure dudit Degasne où ils les tuèrent tous les deux et les mirent en terre dans le jardin dudit Degasne ; Ensuite les brigands se retirèrent après avoir voulu différentes fois tué ledit Degasne qui nous a déclaré n’en avoir connu aucun d’eux.

« De laquelle déclaration, ledit Degasne nous a requis de lui rapporter acte pour servir et valoir aux héritiers dudit Laurent ou être devra s’assurer de son décès et a dit n’avoir pu faire sa présente déclaration qu’après les informations qu’il a faite des noms desdits Laurent et de ladite Libert, et a déclaré ne savoir signer de ce interpellé après lecture ».

 


Le texte ne nous dit pas si François Laurent et Françoise Libert était mari et femme. Le nommé Degasne qui a bien failli y passer lui aussi, ne semblait pas les connaître puisqu’il a attendu plus de trois mois avant de signaler ces meurtres et qu’avant de le faire, dit-il, il a voulu s’assurer de l’identité des deux personnes assassinées.

 

On peut plutôt penser que s’il ne s’est pas manifesté plus tôt, c’est qu’il avait eu peur de représailles car si on lui avait laissé la vie sauve, c’était sans doute parce qu’il se trouvait là au moment où les chouans passaient et il savait sans doute que s’il parlait, ils ne lui auraient pas fait de cadeau.

 

Quant à savoir pourquoi François Laurent et Françoise Libert furent assassinés, on peut se poser ces questions : S’agissait-il d’une expédition punitive ? Les deux personnes en cause avaient-elles donné des renseignements aux autorités républicaines ou avaient-elles dénoncé des chouans du pays ? Ces assassinats ressemblent bien à des représailles assez  coutumières et fréquentes pendant ces années mouvementées.