24.12.23

LA CHAPELLE SAINT-YVES

 

Il était très difficile aux habitants du Bourg-Vieil (rue de la Pinterie) de se rendre à l'église Saint-Sulpice, située hors les murs de la ville, lorsque les portes étaient fermées et notamment la nuit. C'est ainsi que les habitants de ce quartier ne pouvaient assister à la célébration de la Nativité dans leur église paroissiale la nuit de Noël. Ils décidèrent de bâtir une chapelle à l'intérieur de leur bourg et, en 1429, Jeanne Garnier, femme de Robin Martin, fille d'un ancien trésorier de Saint-Sulpice, donna un terrain situé "entre la maison Jehan Garnier d'un cousté et la maison et courtil de Jamet et sa mère et d'autre cousté abutant d'un bout à la grande rue du bourg et l'autre aux murs et doulves de la clouaison de notre ville devers notre estang de Nanczon...".

La chapelle Saint Yves

Le 4 février 1429, le duc de Bretagne, Jean V, donna deux sols de rente à condition que lui et ses successeurs seraient « remenbrez » chaque dimanche, c'est-à-dire que le clergé devait donner les prières nominales en faveur du duc. L'évêque de Rennes approuva la fondation le 18 mars, mais le prieur de la Trinité s'y opposa. Un accord intervint en 1431 et la fondation de la chapelle Saint-Yves devint effective sous certaines conditions : La chapelle ne devait pas avoir "plus de 8 toises de long sur 4 de large, chaque toise ayant 5 pieds et demi" ; elle ne pouvait pas être agrandie sans le consentement de l'abbaye de Marmoutier dont dépendait la Trinité et les bourgeois de Fougères devaient payer les réparations et prendre en charge son entretien. La chapelle ne devrait contenir ni fonts baptismaux, ni droits de sépulture, ni de sonnerie (sauf un petit clocheton), on n'y administrerait aucun sacrement ni rien qui appartint au droit curial de Saint-Sulpice et on n'y dirait que des messes basses. Des commissaires, enfin, seraient chargés de régler toutes les affaires de détail aux frais des Bourgeois avec l'approbation de l'évêque de Rennes.

 Après un siècle d'existence, la chapelle Saint-Yves était en ruine en 1580. C'est alors qu'elle fut rebâtie par Vincent Martin de Brégel, fondateur du collège. Pendant les Guerres de Religion, les ornements de l'église Saint-Sulpice furent mis à l'abri dans la chapelle ; puis, la Congrégation de l'Immaculée Conception, érigée en 1687, y fixa son siège. En 1694, l'évêque autorisa la congrégation à élever un tabernacle afin d'y exposer le Saint-Sacrement le jour de la fête de l'Immaculée.

Pendant la Révolution, la chapelle fut vendue et convertie en cellier, un plancher la sépare alors en deux étages. Abandonnée et délabrée, la chapelle est rachetée et restaurée en 1854 par les Filles de Marie qui font de Saint-Yves un établissement de bienfaisance et dédient la chapelle à la Vierge de la rue du Bac. Elles y resteront jusqu'en 1886, époque à laquelle les Sœurs de Rillé prirent possession des lieux pour y fonder un ouvroir et une maison de garde-malades. L’ensemble a été depuis vendu à un particulier.

Par M. Marcel HODEBERT



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