24.6.23

L’Hospice de la Providence


Situé sur le haut du Marchix, l’établissement de la Providence avait été fondé par Pauline de la Bélinaye, dame de Vendel et tante du marquis de la Rouërie, dans les ruines de l’ancien prieuré de la Trinité abandonné par les Bénédictins et qu’elle avait acquises en 1776. Mademoiselle de la Bélinaye fit élever de nouveaux bâtiments et y transféra son œuvre qui avait commencé quelques années plutôt dans la paroisse Saint-Léonard. A la demande de la fondatrice, les Sœurs de la Sagesse s’y installèrent en 1778.                        

Cet établissement comprenait des classes destinées à l’enseignement des jeunes filles pauvres, des salles d’asile qui recevaient enfants et vieillards et un bureau qui assurait les secours et les soins à domicile. Pourtant, la fondation dont les immenses services s’adressaient aux plus pauvres des Fougerais eut du mal à recevoir l’assentiment de l’autorité civile. Et l’on vit, en 1780, le subdélégué de Fougères, M. Blanchouin de Villecourte, s’y opposer, estimant qu’il y avait assez de couvents à Fougères.

L’évêque de Rennes dut insister. Finalement le subdélégué, se rendant à l’évidence, déclara que les services rendus par les religieuses l’avaient fait changer d’avis, et les lettres patentes du roi furent accordées en octobre 1782. La maison était alors dotée de 800 livres de revenus.

Au moment de la Révolution, la fondatrice demeura à la Providence et n’émigra pas, de sorte que le District de Fougères voulut bien considérer cet établissement comme une entreprise industrielle car on y fabriquait de la flanelle. Les religieuses y demeurèrent et, pour un temps, purent garder leur costume malgré une mise en demeure de la municipalité de le quitter du 7 septembre 1793. Sur l’ordre du District, le 20 mars

suivant, elles durent à regret revêtir des vêtements civils, mais restèrent à l’hospice jusqu’au 23 avril 1796, époque où elles en furent chassées. Elles s’installèrent alors dans une maison au bas de la rue des Vallées et quelque temps après, demandèrent à rentrer à la Providence, ce qui leur fut refusé, car ces femmes qui avaient refusé le serment constitutionnel furent considérées comme « dangereuses ».





Ancienne chapelle de la Providence


Finalement, le 27 février 1800, les Filles de la Sagesse, sécularisées, obtinrent de la Commission des Hospices de la ville, la location de la Providence pour 250 F par an. Elles y reprirent leurs œuvres anciennes, y reçurent des jeunes filles pauvres, installèrent une salle d’asile et un pensionnat qui devint très florissant. Puis, dans un passé récent, les Filles de la Sagesse, celles que l’on appelait à Fougères « les sœurs grises » en raison de leur costume, s’installèrent au Parc, propriété située près de Rillé, léguée par Madame Pacory aux orphelines de la Providence. Après quelques années de fonctionnement, les Sœurs de la Sagesse durent se retirer. Depuis, l’Institution des Sourds parlants a repris le relais et occupe ces lieux.
En 1939, les bâtiments plus ou moins abandonnés de la Providence furent affectés à l’accueil des réfugiés politiques espagnols, républicains pour la plupart. Pendant l’Occupation, sous la pression allemande, les vieillards de l’hôpital furent évacués à l’ancienne Providence. C’est là, malheureusement, que la plupart d’entre eux périrent brûlés vifs lors du bombardement du 6 juin 1944.

Marcel HODEBERT

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