28.7.23

Le collège Saint-Yves

 

A la fin du XVIème siècle, à la suite d'une donation faite par Vincent Martin de Brégel, seigneur de la Gardaye, pour la création d'un collège de garçons à l'intérieur de la ville close, les bourgeois de Fougères soutinrent aussitôt cette fondation, peut-être d'ailleurs pour s'opposer aux Génovétains de l'abbaye de Rillé qui, avec leur propre collège, avaient le monopole de l'enseignement à Fougères depuis 1473 environ. En mars 1582, le roi Henri III concéda 35 sols par pipe de vin et 5 sols par pipe de cidre vendu au détail dans la ville et les faubourgs de Fougères au profit du collège qui avait pris le nom de "collège Saint-Yves".

Vestiges de l’ancien collège replacés dans le mur de l’immeuble jouxtant le passage vers la chapelle Saint-Yves


Au XVIIIème siècle, le collège fonctionne toujours tant bien que mal, tributaire des dons des particuliers et des subventions de la Communauté de Ville. Souvent les trois « ecclésiastiques-professeurs » attachés au collège ne peuvent être payés, de sorte qu'on décida de les considérer comme des "officiers de Saint-Sulpice" et de leur accorder les honoraires de messes. Ils furent alors rémunérés pour leur assistance aux enterrements, auxquels ils seront toujours considérés comme présents - même pendant les heures de classe ! De son côté, la Confrérie Sainte-Anne et Saint-Roch, alors très florissante à Fougères, s'engagea à verser, chaque année, 300 livres au Collège afin de l'aider à boucler son budget. Malgré tous ces efforts, le collège dut fermer ses portes en 1747. Il rouvrit en 1768 sous la direction de prêtres séculiers mais ferma à nouveau en 1774.En 1780, la Communauté de Ville fit une nouvelle tentative pour relever le collège en le plaçant sous la protection de l'évêque et en créant une rente de 300 livres pour les « régents ». Le plus ancien des trois professeurs (ou régents) était de droit le Principal. Il avait voix délibérative à la Communauté de Ville et au Bureau des Pauvres. Chaque régent, outre ses 186 livres d'appointement recevait 20 sols par mois de chaque élève qui étudiait sous sa direction, à l'exception des pauvres pour lesquels l'instruction était gratuite. Le Principal devait payer 6 livres aux chapelains de St-Léonard au titre de fondations, mais il recevait 40 livres pour instruire les choristes de cette paroisse. Les élèves doivent aussi une rétribution de 5 livres par an pour le balayage des classes. Le collège offre un enseignement couvrant toutes les matières dont la rhétorique. 
Louis RALLIER, député de Fougères, dans une "Epître à mon fils sortant du collège", nous renseigne sur la formation dispensée aux élève:
De l'école mon fils prêt à quitter les bancs.
Que n'avez-vous pas pendant cinq ou six ans.
Vous avez écouté maint professeur habile
Expliquer Cicéron, Phèdre, Horace, Virgile
En un mauvais latin traduit de bon français
Appris un peu de grec, d'allemand ou d'anglais
Vous n'êtes pas bien fort peut-être en rhétorique
Mais vous savez, je pense, assez d'arithmétique
Un peu même d'algèbre et vous pouvez enfin
Le crayon tour à tour et l'archet en main
Accompagner un chant, dessiner une tête.

En 1773, une petite fête est donnée au Collège à l'occasion de la distribution des prix, on joue « Les Plaideurs » de Racine. Le rôle du juge Dandin est tenu par le futur général Jean Baston de La Riboisière. Il est alors âgé de 14 ans. Les autres acteurs ont entre 13 et 16 ans. Presque tous se feront connaître à des titres divers, de par leur situation, leur carrière et leur vie : trois entreront dans les ordres et auront un destin particulier pendant la Révolution ; Pierre Lebreton, devenu avocat à Fougères, deviendra député à l'Assemblée Législative ; Jean Lemoine devint médecin ; Joseph Batais devint entrepreneur et mourut sur l'échafaud pour avoir placé le drapeau blanc sur le clocher de St-Léonard lors du passage des Vendéens ; la sœur d'Olivier Paturel, fils du procureur fiscal de Savigny, épousa le maire de Fougères, Jean Loysel... Tous, en tous les cas, semblent avoir acquis un caractère que l'on qualifierait aujourd'hui de « bien trempé »…



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire